Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/158

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que le fils est intéressé à tenir son père à Toulon.

Quoi de plus curieux que de voir l’Église, la colombe gémissante, gémir en 1682, lorsqu’on venait d’enlever les petits enfants aux mères hérétiques… Gémir pour les délivrer ?… Non, pour que le roi trouve des lois plus efficaces, plus dures… Et comment en trouver jamais de plus dures que celles-ci ?

À chaque assemblée du Clergé, la colombe gémit toujours. Et sous Louis XVI encore, lorsqu’il se laisse arracher par l’esprit du temps cette belle charte d’affranchissement qui exclut toujours les protestants de toute fonction publique, le Clergé adresse au roi de nouveaux gémissements, par un prêtre athée, Loménie.

J’entrai plein de tremblement et de respect dans ce saint bagne de Toulon. J’y cherchai la trace des martyrs de la religion, de ceux de l’humanité, tués là de mauvais traitements, pour avoir eu un cœur d’homme, pour avoir seuls entrepris de défendre l’innocence, de faire la tâche de Dieu !

Hélas ! il n’y a plus rien. Rien ne reste de ces galères, atroces et superbes, dorées et sanglantes, plus barbares que les Barbaresques, que le nerf de bœuf arrosait de la rosée du sang des saints… Les registres mêmes où leurs noms étaient consignés, ont en grande partie disparu. Dans le peu qui reste, de sèches indications, l’entrée, la sortie ; et la sortie, le plus souvent, c’est la mort… La mort qui vient plus ou moins prompte, indiquant ainsi des degrés dans la résignation ou le désespoir… Une brièveté