Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/173

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demander la chose par ceux mêmes qui les y avaient jetés.

Tout se passait de même à Nîmes. Les volontaires catholiques portaient hardiment la cocarde blanche, criaient : « À bas la nation ! » Les soldats et sous-officiers du régiment de Guyenne s’indignèrent, leur cherchèrent querelle. Un régiment, isolé dans une si grande masse de peuple, n’ayant pour lui que la population protestante, tout industrielle et peu belliqueuse, était fort aventuré. Notez qu’il avait contre lui ses propres officiers, qui se déclaraient amis de la cocarde blanche, contre lui la municipalité qui refusa de proclamer la loi martiale. Il y eut beaucoup de blessés ; un grenadier fut tiré, tué par le frère même de Froment.

Les soldats furent consignés. Le meurtrier resta libre. La contre-révolution triompha à Nîmes comme à Montauban.

Dans cette dernière ville, les vainqueurs ne s’en tinrent pas là. Ils eurent l’audace d’aller faire une collecte dans les familles des victimes, et jusque dans les prisons où elles étaient encore… Horreur ! on ne voulait les laisser sortir qu’en payant leurs assassins !