Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/197

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naturel, qui va coulant de lui-même, nous est presque connu d’avance par sa conformité aux lois de notre nature, par l’image éternelle du bien que nous portons en nous.

Les sources où nous puisons l’histoire en ont conservé précieusement le moins digne d’être conservé, l’élément négatif, accidentel, l’anecdote individuelle, telle ou telle petite intrigue, tel acte de violence.

Les grands faits nationaux, où la France a agi d’ensemble, se sont accomplis par des forces immenses, invincibles, et par cela même nullement violentes. Ils ont moins attiré les regards, passé presque inaperçus.

Tout ce qu’on donne sur ces faits généraux, ce sont les lois qui en dérivent, qui en sont les dernières formules. On ne tarit pas sur la discussion des lois, on respecte religieusement le parlage des assemblées. Mais les grands mouvements sociaux qui les décidèrent ces lois, qui en furent l’origine, la raison, la nécessité, à peine une ligne sèche les rappelle au souvenir.

C’est pourtant là le fait suprême, où se résout tout le reste, dans cette miraculeuse année qui va de juillet en juillet : la loi est partout devancée par l’élan spontané de la vie et de l’action, — action qui, parmi tels désordres particuliers, contient pourtant l’ordre nouveau, et d’avance réalise la loi qu’on fera tout à l’heure. L’Assemblée croit mener, elle suit ; elle est le greffier de la France ; ce que la