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Chavignon, quatre des communes qui vinrent avaient leurs curés avec elles.

Dans certaines contrées, par exemple dans la Haute-Saône, les curés ne s’associèrent pas seulement à ces mouvements, ils s’en firent le centre, en furent les chefs, les meneurs. Dès le 27 septembre 1789, dans les environs de Luxeuil, les communes rurales se fédérèrent sous la direction du curé de Saint-Sauveur. Tous les maires jurèrent dans ses mains.

À Issy-l’Évêque (Haute-Saône), il y eut une chose plus étrange. Dans l’anéantissement de toute autorité publique, ne voyant plus de magistrat, un vaillant curé prit pour lui tous les pouvoirs ; il rendit des ordonnances, rejugea des procès jugés ; il fit venir les maires du voisinage et promulgua devant eux les lois nouvelles qu’il donnait à la contrée ; puis, armé, l’épée à la main, il commençait à procéder au partage égal des terres. Il fallut arrêter son zèle, lui rappeler qu’il y avait encore une Assemblée nationale.

Ceci est rare et singulier. Le mouvement en général fut régulier, mieux ordonné qu’on ne l’eût attendu de telles circonstances. Sans loi, tout suivit une loi, la conservation, le salut.

Avant que les municipalités s’organisent, le village se gouverne, se garde, se défend, comme association armée d’habitants du même lieu.

Avant qu’il y ait des arrondissements, des départements créés par la loi, les besoins communs, spécialement celui d’assurer les routes, d’amener les subsistances, forment des associations entre villages