Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, si le beau-frère Léopold ne logera pas fraternellement à Mézières ou à Givet ?… La population des Ardennes, ne se fiant nullement à une armée si divisée, à Bouillé qui la commandait, voulut se défendre elle-même. Trente mille gardes nationaux s’ébranlèrent ; ils marchaient aux Autrichiens, lorsqu’on sut que l’Assemblée nationale avait refusé le passage.

Les officiers, au contraire, ne cachaient nullement devant les soldats la joie que leur inspirait l’armée étrangère. Quelqu’un demandant si réellement les Autrichiens arrivaient : « Oui, dit un officier, ils viennent, et c’est pour vous châtier. »

Cependant les duels continuaient, augmentaient, et d’une manière effrayante. On les employait, comme à Lille, à l’épuration de l’armée. On profitait des disputes, des vaines rivalités qui s’élèvent entre les corps, souvent sans qu’on sache pourquoi. À Nancy, ils allaient se battre quinze cents contre quinze cents ; un soldat se jeta entre eux, les força de s’expliquer, leur fit remettre l’épée au fourreau.

On donnait des congés en foule (à l’approche de l’ennemi !) ; beaucoup de soldats étaient renvoyés, et d’une manière infamante, avec des cartouches jaunes.

Les choses en étaient là, lorsque le régiment du roi, qui était à Nancy avec deux autres (Mestre-de-Camp et Châteauvieux, un régiment suisse), s’avisa de demander ses comptes aux officiers et se fit payer par eux. Cela tenta Châteauvieux. Le 5 août, il envoya