Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/295

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était favorable à la contre-révolution, dut contribuer plus qu’aucune autre chose à faire sortir le roi de ses irrésolutions, et lui faire faire en octobre deux démarches décisives. Il se trouvait à cette époque irrévocablement fixé sur la question religieuse, celle qui lui tenait le plus au cœur. En juillet, il avait consulté l’évêque de Clermont pour savoir s’il pouvait, sans mettre son âme en péril, sanctionner la constitution du Clergé. À la fin d’août, il avait adressé la même question au pape. Quoique le pape n’ait fait aucune réponse ostensible, craignant d’irriter l’Assemblée et de lui faire précipiter la réunion d’Avignon, on ne peut douter qu’il n’ait en septembre fait savoir au roi sa vive improbation des actes de l’Assemblée. Le 6 octobre, Louis XVI envoya au roi d’Espagne, son parent, sa protestation contre tout ce qu’il pourrait être contraint de sanctionner. Il adopta dès lors l’idée de fuite qu’il avait toujours repoussée, non pas d’une fuite pacifique à Rouen, qu’avait conseillée Mirabeau, mais d’une fuite belliqueuse dans l’Est, pour revenir à main armée. Ce projet, celui qu’avait toujours recommandé Breteuil, l’homme de l’Autriche, l’homme de Marie-Antoinette, fut reproduit en octobre par l’évêque de Pamiers, qui le fit agréer du roi, obtint plein pouvoir pour Breteuil de traiter avec les puissances étrangères, et fut envoyé de Paris pour s’entendre avec Bouillé.

Ces négociations, commencées par l’évêque, furent continuées par M. de Fersen, un Suédois, très personnellement, très tendrement attaché à la reine depuis