Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/296

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longues années, qui revint exprès de Suède et lui fut très dévoué.

L’Espagne, l’Empereur, la Suisse, répondirent favorablement, promirent des secours.

L’Espagne et l’Angleterre, qui semblaient près de faire la guerre, traitèrent le 27 octobre. L’Autriche ne tarde pas à s’arranger avec les Turcs, la Russie avec la Suède. De sorte qu’en quelques mois l’Europe se trouva réunie d’un côté, et la Révolution était toute seule de l’autre.

Allons avec ordre et méthode. C’est assez de tuer une révolution par an : celle de Brabant cette année, celle de France à l’année prochaine.

Beau spectacle. L’Europe contre le Brabant, le monde uni, marchant en guerre, la terre tremblant sous les armées… et pour écraser une mouche. Et encore avec toutes ces forces, les braves employaient de surcroît les armes de la perfidie. Les Autrichiens, par La Marck, ami, agent de la reine, avaient divise les Belges, amusant leurs progressistes, leur donnant espoir de progrès, leur montrant un monde d’or dans le cœur du philanthrope et sensible Léopold. Le jour où Léopold fut sûr de l’Angleterre et de la Prusse, il se moqua d’eux.

Voilà ce qui serait arrivé chez nous aux Mirabeau, aux La Fayette, à ceux qui soutenaient le roi par intérêt ou par un dévouement de bon cœur et de pitié. Chose grave et qui faisait le danger le plus profond peut-être de la situation, c’est que la royauté si cruellement oppressive en Europe, si brutalement