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agents qui lui manquaient, ils se trouvèrent aux Jacobins. La Fayette, qui apprit à ses dépens à connaître leur organisation, dit que le centre en était une réunion de dix hommes qu’eux-mêmes appelaient le Sabbat, qui prenaient tous les jours l’ordre des Lameth ; chacun des dix le transmettait à dix autres de bataillons et sections différentes, de sorte que toutes les sections recevaient en même temps la même dénonciation contre les autorités, la même proposition d’émeute, etc.

La Fayette avait pour lui le comité des recherches de la Ville et beaucoup de gens dévoués dans la garde nationale. Ces deux polices se croisaient entre elles et avec celle de la cour. Celle des Jacobins, agissant dans le sens du mouvement populaire, du flot qui montait, trouvait autant de facilité que les autres rencontraient d’obstacles. Elle s’étendit partout, s’organisa dans chaque ville en face des municipalités, opposa à chaque corps civil et militaire une société de surveillance et de dénonciation.

Nous avons parlé du Club de 1789 que La Fayette et Sieyès essayèrent d’abord d’opposer aux Jacobins. Ce club conciliateur, qui croyait marier la monarchie et la Révolution, n’eût abouti, s’il eût réussi, qu’à détruire la Révolution. Aujourd’hui que tant de choses alors secrètes sont en pleine lumière, nous pouvons prononcer hardiment que, sans la plus forte, la plus énergique action, la Révolution périssait. Si elle ne redevenait agressive, elle était perdue. L’imprudente association de Bouillé et de La Fayette lui avait porté