Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

patriote n’est point l’ennemi des idées, il ne fait point de tirades contre la philosophie. Les plus grands citoyens de l’Antiquité n’étaient-ils pas des philosophes stoïciens ? » etc.

Mais ce qui compromit le plus le parti Barnave et Lameth, c’est qu’au moment où le duel de Lameth le rendait très populaire, ils n’hésitèrent pas à se déclarer sur la question dangereuse de la garde nationale. Jusque-là, dans les moments difficiles, ils se taisaient, votaient silencieusement avec leurs adversaires ; on avait pu le voir pour l’affaire de Nancy, où l’unanimité montra que les Lameth avaient voté comme les autres.

L’Assemblée, nous l’avons dit, avait peur du peuple ; elle l’avait poussé d’abord, et maintenant elle voulait le ramener en arrière. En mai, elle avait encouragé l’armement, décrétant que nul n’était citoyen actif, s’il n’était garde national. En juillet, au moment où la Fédération montrait bien pourtant qu’on pouvait avoir confiance, on fit l’étrange motion d’exiger l’uniforme, ce qui était indirectement désarmer les pauvres. En novembre, une proposition plus directe fut faite par Rabaut Saint-Étienne, celle de restreindre les gardes nationaux aux seuls citoyens actifs. Ces derniers étaient fort nombreux, nous l’avons vu, quatre millions. Mais, tel était l’étrange état de la France d’alors, la diversité des provinces, que dans plusieurs, dans l’Artois, par exemple, il n’y aurait presque pas eu de citoyens actifs, ni de gardes nationaux. C’est ce que faisait valoir Robespierre avec