Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raient qu’ils n’auraient aucune communication avec les ecclésiastiques qui prêteraient le serment. Les plus modérés disaient que le pape n’avait pas encore répondu, qu’ils voulaient attendre, c’est-à-dire que le jugement d’un souverain étranger déciderait s’ils pouvaient obéir à la patrie.

Le pape ne répondait pas. Pourquoi ? À cause des vacances. Les congrégations des cardinaux ne s’assemblaient pas, disait-on, à cette époque de l’année. En attendant, par les curés, par les prédicateurs de tout rang et de toute robe, on travaillait à troubler le peuple, à rendre le paysan furieux, à jeter les femmes dans le désespoir. Depuis Marseille jusqu’à la Flandre, un concert immense, admirable contre l’Assemblée. Des pamphlets incendiaires sont colportés de village en village par les curés de la Provence. À Rouen, à Condé, on prêche contre les assignats, comme invention du diable. À Chartres, à Péronne, on défend en chaire de payer l’impôt ; un curé bravement se propose pour aller, à la tête du peuple, massacrer les percepteurs. Le chapitre souverain de Saint-Waast dépêche des missionnaires pour prêcher à mort contre l’Assemblée. En Flandre, les curés établissent, d’une manière forte et solide, que les acquéreurs des biens nationaux sont infailliblement damnés, eux, leurs enfants et descendants : « Quand nous voudrions les absoudre, disaient ces furieux, est-ce que nous le pourrions ?… Non, personne ne le pourrait, ni curés, ni évêques, ni cardinaux, ni le pape. Damnés, damnés à jamais ! »