Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/376

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Une bonne partie de ces faits étaient mis au jour, répandus dans le public, par la correspondance des Jacobins et le journal de Laclos. Ils furent réunis et groupés dans un rapport que le Jacobin Voidel lit à l’Assemblée. Mirabeau appuya par un long et magnifique discours, où, sous des paroles violentes, il tendait aux voies de douceur, restreignant le serment aux prêtres qui confessaient ; pour l’affaiblissement du Clergé, il voulait qu’on se fiât au temps, aux extinctions, etc.

Mais l’Assemblée fut plus aigre. Elle voulait châtier. Elle exigea le serment, le serment immédiat.

Une chose étonne dans cette Assemblée, composée, pour la bonne part, d’avocats voltairiens : c’est sa croyance naïve à la sainteté, à l’efficacité de la parole humaine. Il fallait qu’il y eût encore, après toute la sophistique du dix-huitième siècle, un grand fonds de jeunesse et d’enfance dans le cœur des hommes.

Ils se figurent que, du moment où le prêtre aura juré, du jour où le roi aura sanctionné leurs décrets, tout est fini, tout est sauvé.

Et le roi, au contraire, honnête homme du vieux monde, s’en va mentant tout le jour. La parole qu’ils croient une difficulté si grande, un obstacle, une barrière, un lien pour l’homme, n’embarrasse en rien le roi. De crainte qu’on ne le croie assez, il passe toute mesure. Il parle et reparle sans cesse de la confiance qu’il mérite. Il s’exprime, dit-il, ouvertement, franchement, — il s’étonne qu’il s’élève des