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doutes sur la droiture connue de son caractère… — (23, 26 décembre 1790).

Les plus innocents de tous, les jansénistes, ne s’arrêtent pas à cela ; ils veulent du réel, du solide, un serment, du vent, du bruit.

Donc, le 27 novembre, un décret terrible : « L’Assemblée veut, tout de bon, que les évêques, curés, vicaires, jurent la constitution, sous huitaine ; sinon ils seront censés avoir renoncé à leur office. Le maire est tenu, huit jours après, de dénoncer le défaut de prestation de serment. Et ceux qui, le serment prêté, y manqueraient, seront cités au tribunal du district, et ceux qui, ayant refusé, s’immisceraient dans leurs anciennes fonctions, poursuivis comme perturbateurs. »

Décrété, non sanctionné !… Nouvel effroi des jansénistes, qui se sont avancés si loin. Ils veulent un résultat. Le 23 décembre, Camus demande « que la force intervienne », la force sous forme de prière ; que l’Assemblée prie le roi de lui répondre d’une façon régulière sur le décret. La force ? c’est ce qu’attendait le roi[1]. Il répond immédiatement qu’il a sanctionné le décret. Il peut dire ainsi à l’Europe qu’il est forcé et captif.

Il dit à M. de Fersen : « J’aimerais mieux être roi de Metz… Mais cela finira bientôt. »

  1. Toutefois il n’est pas exact de dire, comme l’a fait Hardenberg (Mémoires d’un homme d’État), que c’est après cette sanction forcée que le roi s’adressa aux puissances. Il l’avait fait du 6 octobre au 3 décembre. Ce dernier jour, il écrit à la Prusse qu’il s’est déjà adressé à tous les souverains. Et c’est le 26 décembre seulement qu’il donna la sanction.