Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/389

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communauté serait une lutte permanente, ou si on l’imposait par la loi, par la Terreur (ce qui ne peut durer guère), elle paralyserait toute activité humaine.

Pour revenir à Marat, il ne paraît nulle part soupçonner l’étendue de ces questions. Il les pose en tête de ses livres, comme pour attirer la foule, battre la caisse, se faire écouter. Et puis il ne résout rien. Tout ce qu’on voit, c’est qu’il veut une large charité sociale, surtout aux dépens des gens riches : chose raisonnable certainement, mais il faudrait mieux dire le mode d’exécution. Nul doute que ce ne soit une chose odieuse, impie, que de voir tel impôt peser sur le pauvre, épargner le riche ; l’impôt ne doit porter que sur nous qui avons. Mais le politique ne doit pas, comme Marat, s’en tenir aux plaintes, aux cris, aux vœux ; il doit proposer des moyens. Ce n’est pas sortir des difficultés que de s’en remettre, comme tous les utopistes de ce genre, à l’excellence présumée des fonctionnaires de l’avenir, de dire, par exemple : « Qu’on en donne la direction à quelque homme de bien, et qu’un magistrat intègre en ait l’inspection. » (Marat, Législation criminelle, p. 26.)

Montre-t-il dans son journal, en présence des nécessités du temps, plus d’intelligence pratique ? Pas davantage. On n’y trouve que des choses très décousues et très vagues, rien de neuf comme expédient, rien qu’on puisse appeler théorie.

Au moment où la municipalité entre en possession des couvents et autres édifices ecclésiastiques, il propose d’y établir des ateliers pour les pauvres, de