Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/395

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Quant au lien des deux substances, il promet des expériences neuves et décisives. Il n’en donne aucune ; rien que l’hypothèse vulgaire d’un certain fluide nerveux. Il nous apprend seulement que ce fluide n’est pas entièrement gélatineux, et la preuve, c’est que les liqueurs spiritueuses qui renouvellent si puissamment le fluide nerveux ne contiennent pas de gélatine (I, 56).

Tout est de la même force. On y apprend que l’homme triste aime la tristesse, et autres choses aussi nouvelles. D’autre part, l’auteur assure qu’une blessure n’est pas une sensation ; que la réserve est la vertu des âmes unies à des organes, tissus de fibres lâches ou compactes, etc. En général, il ne sort du banal que par l’absurde.

Si l’ouvrage méritait une critique, celle qu’on pourrait lui faire, c’est surtout son indécision. Marat n’y prend nullement l’attitude d’un courageux disciple de Rousseau contre les philosophes. Il hasarde quelques faibles attaques contre leur vieux chef Voltaire, le mettant dans une note parmi les auteurs qui font de l’homme une énigme : « Hume, Voltaire, Bossuet, Racine (!), Pascal. » À cette attaque, le malicieux vieillard répondit par un article spirituel, amusant, judicieux, où, sans s’expliquer sur le fond, il montre seulement l’auteur comme il est, charlatan et ridicule ; telle est la mode, dit-il : « On voit partout Arlequin qui fait la cabriole pour égayer le parterre. » (Mélanges littéraires, t. XLVIII, p. 234, in-octavo, 1784.)