Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/416

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monarchique, par lequel les constitutionnels essayaient de renouveler leur Club des impartiaux. Ces hommes, la plupart distingués (Clermont-Tonnerre, Malouet, Fontanes, etc.), étaient, il est vrai, suspects, moins encore pour leurs doctrines que pour la dangereuse organisation de leur club. À la grande différence du Club de 1789 (Mirabeau, Sieyès, La Fayette, etc.), peu nombreux, cherchant l’action, le Club monarchique admettait les ouvriers, distribuait des bons de pain ; ces bons n’étaient pas donnés aux mendiants, mais aux travailleurs ; on ne donnait pas le pain tout à fait gratuitement. C’était là une base très forte pour l’influence de ce club. Nul moyen d’y mettre obstacle. Les Monarchiens étaient en règle, ils avaient demandé, obtenu de la ville l’autorisation requise, qu’on ne pouvait leur refuser ; plusieurs décrets, l’un entre autres, récent, du 30 novembre, sollicités par les Jacobins eux-mêmes, dans l’intérêt de leurs sociétés de province, reconnaissaient aux citoyens le droit de se réunir pour conférer des affaires publiques, bien plus, le droit des sociétés à s’affilier entre elles. Avec tout cela les Jacobins n’hésitèrent pas à poursuivre les Monarchiens de rue en rue et de maison en maison, effrayant par des menaces les propriétaires des salles où ils s’assemblaient. La municipalité eut la faiblesse d’accorder aux Jacobins un arrêté qui suspendit les séances des Monarchiens. Ceux-ci protestant contre cet acte éminemment illégal, on n’osa maintenir l’interdit. Alors les Jacobins eurent recours à un moyen plus indigne, une atroce