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de violence et de fanatisme. Chose triste ! ils ne différaient guère des Monarchiens, qu’ils persécutaient, que par l’absence de franchise. Mais plus ils se sentaient près d’eux, plus ils déclamaient contre eux. Qu’on juge des extrémités où la fausse violence peut mener, par l’équivoque homicide du pain empoisonné qui échappa à Barnave.

2o Un élément moins pur encore du club des Jacobins étaient les Orléanistes. On a vu, par l’attaque de Laclos contre le Cercle social, l’indigne manège par lequel on cherchait la popularité dans des fureurs hypocrites. Les Orléanistes venaient de recevoir un coup très grave, dont ils avaient bien besoin de se relever. Et de qui ce coup partait-il ? Qui le croirait ? Du duc d’Orléans. Lui-même détruisait son parti.

Remontons un peu plus haut. Le sujet est assez important pour mériter explication.

Les Orléanistes se croyaient très près de leur but. La plus grande partie des journalistes, gagnés ou non gagnés, travaillaient pour eux. Ils tenaient par Laclos le journal des Jacobins. Aux Cordeliers, Danton, Desmoulins, leur étaient favorables, Marat même, presque toujours. Le chef de la maison d’Orléans, il est vrai, était indigne. Mais les enfants, mais les dames, Mme de Genlis, Mme de Montesson, étaient fréquemment mentionnées avec éloge. Le duc de Chartres plaisait, ralliait beaucoup d’esprits. Desmoulins assure que ce prince le traitait « comme un frère ».

Ce jeune homme avait été reçu membre des Jacobins avec plus d’éclat, de cérémonie, que son âge ne