Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/42

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En attendant, tout ce qu’une longue étude des précédents de la Révolution, et de la Révolution même, nous conduit à croire, c’est que la France a raison, c’est qu’entre la science véritable et la conscience populaire, il n’y a rien de contradictoire.

Loin d’honorer la Terreur, nous croyons qu’on ne peut même l’excuser comme moyen de salut public. Elle eut des difficultés infinies à surmonter, nous le savons ; mais la violence maladroite des premiers essais de Terreur, qu’on voit dans ce volume même, avait eu l’effet de créer à l’intérieur des millions d’ennemis nouveaux à la Révolution, à l’extérieur, de lui ôter les sympathies des peuples, de lui rendre toute propagande impossible, d’unir intimement contre elle les peuples et les rois. Elle eut des obstacles incroyables à surmonter ; mais les plus terribles de ces obstacles, elle-même les avait faits. — Et elle ne les surmonta pas ; c’est elle qui en fut surmontée.

La faute, au reste, n’est pas particulière aux hommes du Salut public ; c’est celle par laquelle avaient péri les systèmes antérieurs.

Tous commencent par poser le devoir ; puis les dangers, les nécessités viennent, ils ne songent qu’au salut.

Le christianisme part de l’amour de Dieu et de l’homme, du devoir moral ; puis, dès qu’il est contesté, il procède par le fer et le feu, par voie de salut public.

La royauté naissante est une justice suprême ;