Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/444

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sans médecin et sans secours. Les secours vinrent, mais rien n’y fit. En cinq jours il fut emporté.

Cependant, le lundi 28, la mort dans les dents et toute peinte sur son visage, il s’obstina à aller encore à l’Assemblée. L’affaire des mines s’y décidait, affaire fort importante pour son ami, M. de La Marck, dont la fortune y était engagée. Mirabeau parla cinq fois, et, tout mort qu’il était il vainquit encore. En sortant, tout fut fini ; il s’était, dans ce dernier effort, achevé pour l’amitié.

Le mardi 29, le bruit se répandit que Mirabeau était malade. Vive impression dans Paris. Tous, ses adversaires même, surent alors combien ils l’aimaient. Camille Desmoulins, qui alors lui faisait si rude guerre, sent se réveiller son cœur. Les violents rédacteurs des Révolutions de Paris, qui, à ce moment, proposent la suppression de la royauté, disent que le roi a envoyé pour s’informer de Mirabeau et ajoutent : « Sachons gré à Louis XVI de n’y avoir pas été lui-même, c’eût été une diversion fâcheuse, on l’aurait idolâtré. »

Le mardi soir, la foule était déjà à la porte du malade. Le mercredi, les Jacobins lui envoyèrent une députation, et, à la tête, Barnave, dont il entendit avec plaisir un mot obligeant qui lui fut rapporté. Charles de Lameth avait refusé de se joindre à la députation.

Mirabeau craignait les obsessions des prêtres et avait ordonné de dire au curé, s’il venait, qu’il avait vu ou devait voir son ami l’évêque d’Autun.