Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/455

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aujourd’hui, en 1847, selon toute apparence. Voilà plus d’un demi-siècle que Mirabeau est là, dans la terre des suppliciés[1].

Nous ne croyons pas à la légitimité des peines éternelles. C’est assez pour ce pauvre grand homme de cinquante ans d’expiation. La France, n’en doutons pas, dès qu’elle aura des jours meilleurs, ira le chercher dans la terre, elle le remettra où il doit rester, dans son Panthéon, l’orateur de la Révolution aux pieds des créateurs de la Révolution, Descartes, Rousseau, Voltaire. L’exclusion fut méritée, mais le retour est juste aussi. Pourquoi lui envierions-nous cette sépulture matérielle, quand il en a une morale dans le souvenir reconnaissant, au cœur même de la France ?

  1. La jeunesse studieuse qui fréquente cette enceinte, aujourd’hui consacrée aux études anatomiques, doit savoir qu’elle marche tous les jours sur le corps de Mirabeau. Il est là encore dans son cercueil de plomb. Le centre de l’enceinte n’a jamais été fouillé, mais seulement la partie latérale, le long des murs, et l’on y a trouvé, dans leurs robes noires, très bien conservées, des prêtres tués au 2 septembre. Il serait digne de la ville de Paris de prendre cette honorable initiative, de rendre Mirabeau au jour, de lui rendre un tombeau.