Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/459

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réélue, a saisi avidement cette occasion de niveler tous les honorables membres… Notre féal a calculé très bien », etc.

Ce qu’il avait calculé et que Desmoulins ne peut dire, c’est que, pour les deux extrêmes, Jacobins, aristocrates, l’ennemi commun à détruire était la constitution et les constitutionnels, pères et défenseurs naturels de cet enfant peu viable.

Mais Robespierre était un homme trop politique pour qu’on croie qu’il s’en rapportât à ce calcul de vraisemblance, à cette hypothèse fondée sur une connaissance générale de la nature humaine. Quand on le voit parler avec tant de force, d’autorité et de certitude, on ne peut douter qu’il ne fût très positivement instruit de l’appui que sa proposition trouverait auprès du côté droit. Les prêtres, pour qui récemment il s’était fort avancé, presque compromis (le 12 mars), pouvaient l’éclairer parfaitement sur la pensée de leur parti.

D’autre part, si la voix de Robespierre semble grossie tout à coup, c’est qu’elle n’est plus celle d’un homme ; un grand peuple parle en lui, celui des sociétés jacobines. La société de Paris, nous l’avons vu, fondée par des députés, et qui d’abord en compte quatre cents en octobre 1789, en a au plus cent cinquante le 28 février 1791, le jour où Mirabeau fut tué par les Lameth. Qui donc domine aux Jacobins ? Ceux qui ne sont pas députés, qui veulent l’être ; ceux qui désirent que l’Assemblée constituante ne puisse être réélue. C’est la pensée des Jacobins que