Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/467

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caractère ; elle tombait tout entière entre les mains patriotiques, mais intolérantes, violentes, des sociétés jacobines.

Il faut dire, comme César : Hoc voluerunt. Eux-mêmes, ils l’ont ainsi voulu. — Les prêtres ont cherché la persécution, pour décider la guerre civile.

Le fatal décret du serment immédiat, la scène du 4 janvier, où les nouveaux Polyeuctes eurent à bon marché la gloire du martyre, donna partout au clergé une joie, une audace immense. Ils marchaient maintenant hauts et fiers, la Révolution allait tête basse.

L’un des premiers actes d’hostilité fut fait, comme il était juste, par un pontife édifiant, le cardinal de Rohan, le héros de l’affaire du Collier[1]. Il rentra ainsi en grâce auprès des honnêtes gens. Retiré au delà du Rhin, il anathématisa (en mars) son successeur, élu par le peuple de Strasbourg, et commença la guerre religieuse dans cette ville inflammable.

Une lettre de l’évêque d’Uzès, qui chantait : Io ! triumphe ! pour le refus du serment, tomba dans Uzès comme une étincelle, la mit en feu. On sonna le tocsin, on se battit dans les rues.

En Bretagne, le clergé remua sans peine la sombre imagination des paysans. Dans un village, un curé leur dit la messe à trois heures, leur annonce qu’ils n’auront jamais plus de vêpres, qu’elles sont pour toujours abolies. Un autre choisit un dimanche, dit la messe de grand matin, encore en pleine nuit,

  1. Voir le beau et très complet récit de M. Louis Blanc (Histoire de la Révolution, t. II.)