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Au bout de deux heures on rentra, ayant suffisamment constaté ce qu’on voulait.

La Fayette, indigné d’avoir été désobéi, donna sa démission. L’immense majorité de la garde nationale le supplia, l’apaisa ; la bourgeoisie ne se fiait qu’à lui pour le maintien de la paix publique.

Le roi, le mardi 19, fit une démarche étrange qui porta au comble la crainte où l’on était de son départ. Il vint à l’improviste dans l’Assemblée, déclara qu’il persistait dans l’intention d’aller à Saint-Cloud, de prouver qu’il était libre, — ajoutant qu’il voulait maintenir la constitution, « dont fait partie la constitution du clergé ». Étrange contradiction avec sa communion du dimanche précédent, avec l’appui qu’il donnait aux prêtres rebelles.

Il ne faut pas croire que ces prêtres, victimes résignées, patientes, se tinssent heureux d’être ignorés. Ils agissaient de la manière la plus provocante, se montrant partout, aboyant, menaçant, empêchant les mariages, troublant la tête des filles, leur faisant croire que, si elles étaient mariées par les prêtres constitutionnels, elles ne seraient que concubines, et que leurs enfants resteraient bâtards.

Les femmes étaient à la fois les victimes et les instruments de cette espèce de Terreur qu’exerçaient les prêtres rebelles. Elles sont plus braves que les hommes, habituées qu’elles sont à être respectées,

    d’une charge qui en valait 10.000. » Ce qui est plus sûr, c’est que Danton, en faisant refuser le drapeau au général, lui fit éprouver une mortification, mais lui épargna un crime.