Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/505

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attendre de ces paroles de prince. L’évêque de Liège, rentré avec des mots paternels et des soldats autrichiens, avait fait durement appliquer aux patriotes les vieilles procédures barbares, la torture et la question. Notre émigration n’attendait pas le retour pour faire circuler en France des listes de proscription. La reine serait-elle clémente ? Oublierait-elle aisément son humiliation d’octobre, quand elle parut au balcon, pleurant devant le peuple ? Il n’y avait pas d’apparence. La femme qu’on accusait le plus d’avoir mené les femmes à Versailles, Théroigne, ayant été à Liège, fut suivie depuis Paris, désignée, livrée à la police liégeoise, à la police autrichienne (mai 1791), qui, comme régicide, la mena au fond de l’Autriche, dans les prisons du frère de Marie-Antoinette. Sans nul doute, il y eût eu une cruelle réaction, dans le goût de 1816 ; à cette dernière époque, à l’époque des cours prévôtales, M. de Valory, ce garde du corps, ce courrier du roi dans le voyage de Varennes, fut prévôt du département du Doubs.

Dans l’après-midi, vers quatre ou cinq heures, dit Madame d’Angoulême (dans le simple et naïf récit qu’a donné Weber), « on passa la grande ville de Châlons-sur-Marne. Là on fut reconnu tout à fait. Beaucoup de monde louait Dieu de voir le roi et faisait des vœux pour sa fuite. »

Tout le monde ne louait pas Dieu. Il y avait une grande fermentation dans la campagne. Pour expliquer la présence des détachements sur la route, on