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rant dans un acte public qu’elle n’avait fait que du mal, appelant insolemment l’Assemblée les députés des bailliages.

L’Assemblée eut peu à sévir. Le peuple y suffisait de reste. La Bretagne comprima le parlement de Bretagne. Et celui de Bordeaux fut accusé devant l’Assemblée par la ville même de Bordeaux qui envoya tout exprès, pour soutenir l’accusation, le jeune et ardent Fonfrède (4 mars).


Ces résistances devenaient tout à fait insignifiantes au milieu de l’immense mouvement populaire qui se déclarait partout. Jamais, depuis les croisades, il n’y eut un tel ébranlement des masses, si général, si profond. Élan de fraternité en 1790 ; tout à l’heure élan de la guerre.

Cet élan, d’où commence-t-il ? De partout. Nulle origine précise ne peut être assignée à ces grands faits spontanés.

Dans l’été de 1789, dans la terreur des brigands, les habitations dispersées, les hameaux même s’effrayent de leur isolement : hameaux et hameaux s’unissent, villages et villages, la ville même avec la campagne. Confédération, mutuel secours, amitié fraternelle, fraternité, voilà l’idée, le titre de ces pactes. — Peu, très peu, sont écrits encore.

L’idée de fraternité est d’abord assez restreinte. Elle n’implique que les voisins, et tout au plus la province. La grande fédération de Bretagne et Anjou a encore ce caractère provincial. Convoquée le