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de Mars, vers midi, conduites par un aide de camp de La Fayette. Des glacis part un coup de feu. L’aide de camp est blessé. La Fayette, peu après, traverse le Gros-Caillou avec la masse des troupes et du canon ; les furieux des glacis, la populace du quartier, étaient en train de faire une barricade ; ils renversaient des charrettes ; l’un d’eux, garde national (on croit que c’était Fournier), tira à bout portant sur La Fayette, à travers la barricade ; le fusil rata. L’homme fut pris à l’instant même ; La Fayette, par une générosité peu raisonnée, le fit relâcher. Il continua jusqu’à l’autel, où il trouva les orateurs et rédacteurs, peu nombreux, paisibles, qui lui jurèrent qu’il s’agissait uniquement d’une pétition ; la pétition signée, ils allaient retourner chez eux.

L’Assemblée sut à l’instant même qu’on avait tiré sur La Fayette. Le président, en toute hâte, écrit à l’Hôtel de Ville. On envoie au Champ de Mars deux municipaux pour sommer l’attroupement. À leur grande surprise, ils ne trouvent que des gens tranquilles. On leur lit la pétition à eux-mêmes, ils ne la désapprouvent pas. Elle était toutefois fort vive, elle faisait ressortir l’audace de l’Assemblée qui avait préjugé la question en faveur du roi, sans attendre le vœu de la France ; elle accusait de plus une bien grave illégalité, soutenant que les deux ou trois cents députés royalistes qui avaient fait la protestation et ne voulaient plus voter n’en étaient pas moins, cette fois, venus voter avec les autres.

Cette fameuse pétition (que j’ai sous les yeux) me