Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/360

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la pièce comme sienne, décréta l’insertion au procès-verbal et l’envoi du procès-verbal aux départements.

Le lendemain, les membres qui appartenaient aux Feuillants, étant arrivés de bonne heure, au nombre de deux cent soixante, firent une majorité contraire, annulèrent le décret de la veille, à la grande indignation des tribunes et du public. Dès lors, une guerre commença contre leur club ; placé à la porte de l’Assemblée et dans ses bâtiments mêmes, l’affluence des deux foules devait y causer du tumulte, peut-être des collisions.

Cette lutte intérieure, qui ne laissait pas que d’agiter Paris, éclatait au moment même où l’autorité était désarmée, et par la retraite de La Fayette qui quittait le commandement, et par son échec aux élections municipales (17 novembre 1791). La reine, nous l’avons dit, en haine de La Fayette, fit voter les royalistes pour le jacobin Pétion, qui eut six mille sept cents voix contre les trois mille de son concurrent. La reine avait dit : « Pétion est un sot, un homme incapable de faire ni bien ni mal. » Mais, derrière lui, venait Manuel, comme procureur de la commune ; derrière Manuel, son substitut, le formidable Danton. La reine, en favorisant le succès de Pétion, ouvrit la porte à celui-ci.

La guerre intérieure, contre les prêtres et le roi qui les défend, la guerre extérieure, contre les émigrés et les rois qui les protègent, se prononcent