Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/472

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les prêtres, lorsqu’on l’aurait débarrassé des ministres girondins. Dumouriez, sur cette parole, fit la vilaine besogne de renvoyer ses collègues. Le jour même, ils furent remerciés de l’Assemblée, qui déclara qu’ils avaient bien mérité de la patrie. Il essaya de se relever par un coup d’audace ; il vint à ce moment même présenter à cette Assemblée irritée et frémissante un remarquable mémoire sur l’état réel de nos forces militaires. Ce mémoire était dirigé en bonne partie contre Servan, le dernier ministre. Cependant, Servan n’ayant été qu’une quinzaine au pouvoir, c’était bien plus sur De Grave, bien plus encore sur Narbonne, son prédécesseur, que les reproches tombaient.

Le courage de Dumouriez, sa bonne contenance, le relevaient fort. Néanmoins il n’avait qu’un seul moyen de durer, c’était d’obtenir du roi la sanction des décrets. Il s’était terriblement compromis, perdu presque, sur cette espérance. Mais justement parce que la cour en jugeait ainsi, elle ne s’inquiétait plus de le ménager. Les Feuillants venaient dire, sans détour, à Dumouriez, qu’il n’avait plus qu’une ressource, se jeter dans leurs bras, qu’il devait contresigner le refus de sanction, qu’à ce prix on le réconcilierait avec La Fayette, qui arrivait à Paris tout exprès pour le poursuivre. On le croyait ainsi pris sans remise, lié au fond du filet. Le roi lui parla du ton impératif et majestueux du roi d’avant 1789, lui ordonnant, à lui et à ses collègues, d’apposer leurs seings au veto. — Le surlendemain, Dumouriez