Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/58

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cend à Meaux, au palais épiscopal, palais de Bossuet. Digne maison d’abriter une telle infortune, digne par sa mélancolie. Ni Versailles ni Trianon ne sont aussi noblement tristes, ne rendent plus présente la grandeur des temps écoulés. Et ce qui touche encore plus, c’est que la grandeur y est simple. Un large et sombre escalier de briques, escalier sans marches, dirigé en pente douce, conduit aux appartements. Le monotone jardin, que domine la tour de l’église, est borné par les vieux remparts de la ville, aujourd’hui tout enveloppés de lierre ; sur cette terrasse, une allée de houx mène au cabinet du grand homme, sinistre, funèbre allée où l’on croirait volontiers qu’il put avoir les pressentiments de la fin de ce monde monarchique dont il était la grande voix.

Et c’est elle qui venait, cette monarchie expirée, demander au toit de Bossuet l’abri d’une seule nuit.

La reine trouva ce lieu tellement selon son cœur que, sans tenir compte de la situation, sans se soucier de savoir si elle vivrait le lendemain, elle prit le bras de Barnave et se fit montrer le palais. Il est tout plein de souvenirs ; plusieurs portraits sont précieux. Elle dut voir, dans la chambre même où le grand homme couchait, le portrait d’une princesse, l’image, si je ne me trompe, de celle qui, mourante, légua à Bossuet son anneau.

    poursuivi, déclarèrent qu’ils n’acceptaient d’escorte que celle de la cavalerie ; la garde nationale à pied dut se retirer. C’était abréger le voyage, diminuer les chances de danger, d’insulte, etc.