Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/161

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t-elle jusqu’aux actes ? Les gens que les entremetteurs se vantent d’avoir achetés, le furent-ils effectivement ? Rien ne l’indique, en vérité : je ne vois pas là leurs reçus. Ce que je vois, c’est que la plupart de ces courtiers de consciences sont eux-mêmes des misérables que personne n’aurait voulu croire dans la moindre chose. Qui nous dit que cet argent qu’ils assurent avoir donné ne s’est point arrêté dans leurs poches ?

Le seul qu’on soit tenté de croire est Laporte, quand il nous donne le traité de Mirabeau, les sommes qu’il exigeait pour organiser son ministère de l’opinion publique.

Madame Roland, sans nul doute, eût ardemment désiré trouver quelque chose contre Danton. On ne trouva rien, ni là ni ailleurs. Aujourd’hui encore, il n’y a rien qu’une allégation de ses ennemis, La Fayette et Bertrand de Molleville.

Rulh chercha, comme on peut croire, avidement contre la Gironde et ne trouva rien non plus. Un seul mot contre Kersaint. Et ce mot, en réalité, était son éloge ; un donneur de conseils, voulant guérir le mal par l’excès du mal, proposait de mettre au ministère de la marine un violent patriote, et c’était Kersaint.

Les sauveurs secrets de la monarchie écrivaient au roi que s’il voulait leur donner la légère somme de deux millions, ils se faisaient fort de lui acheter seize des membres les plus remarquables par le talent et le patriotisme, ceux qui menaient l’Assemblée.