Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/178

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demandé la mort du roi, et la demandaient toujours. Les Révolutions de Paris, journal où Chaumette avait souvent écrit et peut-être écrivait encore, n’hésitèrent pas à exprimer le sentiment public. Ce journal blâme avec raison le rapport d’un commissaire de la Commune « qui se permet de faire de l’esprit aux dépens d’un prisonnier qui va être jugé à mort. » Il blâme la Commune même : « Louis s’est plaint avec justice qu’on l’ait privé trop tôt de la compagnie de son fils. Il est pourtant si facile de concilier les droits de la justice et le vœu de l’humanité. On se conduit avec les prisonniers du Temple de manière qu’ils finiront par exciter la pitié. »

C’était l’impression générale. Elle se produisit avec force dans la Convention même. On y manifesta plus hardiment le désir que le procès se fît d’une manière régulière. Le 12, Thuriot demandant qu’on hâtât le jugement, et qu’au plus tôt « le tyran portât sa tête sur l’échafaud », il y eut un soulèvement d’indignation dans l’Assemblée ; on lui cria : « Rappelez-vous votre caractère de juge ! » Il fut obligé de s’expliquer, d’ajouter : « Je dis seulement que si les crimes imputés à Louis sont démontrés, il doit périr… »

Un membre insista pour qu’on donnât à l’accusé le temps d’examiner les pièces, disant : « Nous ne craignons pas la haine des rois, mais l’exécration des nations… »

Le 15, un représentant qui jusque-là marquait