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importante à la fois par la hauteur des vues et par la tendance pratique, on distinguait quatre degrés d’instruction, depuis les écoles primaires jusqu’à l’Institut. La Convention, au commencement de décembre, reçut et discuta un projet d’organisation des écoles primaires, proposé par son comité d’instruction publique, d’après les vues de Condorcet.

Ce projet, apporté par Lanthenas, ami de Roland et d’abord chef de bureau dans son ministère, contenait la pensée la plus démocratique de la Gironde, le procédé par lequel elle croyait niveler sans secousse la société[1]. L’école primaire, gratuite pour tous, était la porte par laquelle l’enfant laborieux du pauvre pouvait entrer dans la classe des élèves de la patrie, qui parcouraient gratuitement tous les autres degrés de l’instruction. Les instituteurs étaient élus, au suffrage universel, par les pères de famille. Le prêtre ne pouvait devenir instituteur qu’en renonçant à la prêtrise. L’enseignement était commun à tous, sans distinction de culte. « Ce qui concernait les cultes n’était pas enseigné dans l’école, mais seulement dans le temple. »

Le projet girondin était basé, on le voit, sur la séparation de l’Église et de l’État. Les prêtres, même constitutionnels, étaient éloignés de l’école, renvoyés

  1. Les idées sociales de ce parti, telles qu’on les entrevoit dans les articles de Brissot (décembre 1792) et dans l’important discours de Jean Debry (24 décembre), auraient été les suivantes :

    1o Nul impôt sur le pauvre ; 2o l’impôt progressif sur ceux qui possèdent ; 3o l’abolition de toute succession en ligne collatérale ; 4o l’adoption, érigée en institution et combinée de manière à élever la condition du pauvre.