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patriotique et de médiocrité envieuse. De là ses contradictions, généralement volontaires ; quand elle a voté pour la gauche, elle croit faire de l’équilibre en votant aussi pour la droite. Elle ne s’aperçoit pas qu’en se démentant et se déjugeant ainsi, elle se discrédite, s’avilit plus que ne pourraient jamais le faire les outrages des violents. Ceux-ci, tantôt irrités, tantôt enhardis, attribuent ces variations aux alternatives de la sécurité et de la peur, et se jettent, sans marchander, dans les plus coupables moyens d’intimidation. La Convention ne vit pas que sa fausse politique de bascule, de faux équilibre, était une prime à la terreur.

La Commune venait de faire, le 27 décembre, une chose de grande audace. Elle avait lancé une assignation contre un représentant du peuple.

Celui-ci, Charles de Villette, avait mis dans un journal girondin un très dangereux conseil de résistance armée aux violences révolutionnaires, dont le royalisme eût pu faire profit. On devait poursuivre l’article, mais on ne le pouvait qu’avec l’autorisation de l’Assemblée. La Commune s’en passa.

Autre incident sinistre. Elle vit, sans s’émouvoir, des fenêtres de l’Hôtel de Ville, passer sur la Grève et le long des quais le corps d’un homme assassiné. Le 31 décembre, un certain Louvain, ex-mouchard de La Fayette, s’étant avisé de dire dans le faubourg un mot pour le roi, un fédéré lui passa son sabre à travers le corps.

Ce meurtre, à un tel moment, lorsque la Com-