Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/238

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mune avait osé assigner un représentant, semblait une odieuse machine pour faire peur à l’Assemblée, un crime pour préparer des crimes. Tout le monde fut indigné. Marat même s’éleva avec violence contre Chaumette, en parla avec horreur et mépris. Celui-ci prit peur à son tour, fit révoquer l’assignation et vint excuser la Commune. Villette, un moment entouré aux portes de la Convention par des furieux qui parlaient de le tuer, leur rit au nez et passa. Ces aboyeurs n’étaient pas toujours braves. Un autre député, Thibaut, menacé aussi de mort, en empoigna un qui demanda grâce.

Au moment même où la Commune s’excuse à la Convention, elle lui fait un nouvel outrage. Un drame venait d’être lancé sur le Théâtre-Français, l’Ami des lois, pièce médiocre, mais hardie dans la circonstance. À ne regarder que la lettre, la pièce n’était point contre-révolutionnaire ; elle l’était beaucoup comme esprit. Grand bruit pour et contre. La Convention, consultée, permet la représentation. La Commune la défend.

Cet incroyable conflit, sur un sujet en apparence futile, semblait bien près d’un combat. Tout s’y préparait. Les Jacobins avaient oublié leur ancienne réserve pour entrer dans l’action. La presse était unanime contre eux ; ils s’en inquiétaient si peu qu’ils parlaient de chasser les journalistes de leur salle. Ils aimaient mieux le huis clos. Toute leur affaire était une propagande personnelle, une espèce d’embauchage contre la Convention. Il n’y avait pas