Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/306

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ont mieux fait, du reste, que de professer l’unité, ils sont morts pour elle. On peut du moins le dire des plus illustres du parti, surtout de Vergniaud. C’est lui qui, le 20 avril, lorsque plusieurs de ses amis demandaient la convocation des assemblées primaires, établit solidement, pour toute la Convention, que cette convocation, qui eût sauvé la Gironde, risquait de perdre la France. Il y avait un grand danger dans cet immense appel au peuple au premier moment de la guerre civile, au moment de l’invasion ; il eût provoqué peut-être la dissolution nationale. Les Girondins n’objectèrent rien, dans ce jour décisif qui fixa l’opinion de l’Assemblée ; ils acceptèrent par leur silence le discours héroïque du grand orateur, ils se dévouèrent, sauvant et sanctionnant par leur mort l’unité qu’ils avaient fondée.

C’est l’un d’eux, Rabaut-Saint-Étienne, qui, le 9 août 1791, avait fait proclamer l’unité indivisible de la France.

Déjà Condorcet, en 1790, dans un très bel opuscule digne de ce grand esprit, avait très bien établi que Paris était le puissant moyen, l’instrument de cette unité.

L’engouement de Paris pour La Fayette était toutefois un juste motif de suspicion contre la capitale. Camille Desmoulins et Marat, en 1791, lancèrent contre les Parisiens, à ce sujet, les plus violents anathèmes ; ils passèrent toute mesure : « Je compte sur les départements, disait Marat, non sur les