Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/388

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ajouta très bien que le moment demandait un pouvoir un, fort, secret, rapide, une vigoureuse action gouvernementale. Il ne pouvait toutefois sortir de son caractère pour se passer d’accusation. Il se mit à remâcher ses éternelles dénonciations de la Gironde, disant que, depuis trois mois, Dumouriez demandait à envahir la Hollande et que les Girondins, l’empêchaient.

« Tout cela est vrai, dit Danton ; mais il s’agit moins d’examiner les causes de nos désastres que d’y appliquer le remède. Quand l’édifice est en feu, je ne m’attache pas aux fripons qui enlèvent les meubles, j’éteins l’incendie… Nous n’avons pas un moment à perdre pour sauver la République… Voulons-nous être libres ?… Si nous ne le voulons plus, il nous faut périr, car nous l’avons tous juré. Si nous le voulons, marchons… Prenons la Hollande, et Carthage est détruite ; l’Angleterre ne vivra que pour la liberté. Le parti de la liberté n’est pas mort en Angleterre, il se montrera… Tendez la main à tous ceux qui appellent la délivrance, la patrie est sauvée et le monde est libre.

« Faites partir vos commissaires ; qu’ils partent ce soir, cette nuit. Qu’ils disent à la classe opulente : « Il faut que l’aristocratie de l’Europe succombe sous nos efforts, paye notre dette, ou que vous la payiez ; le peuple n’a que du sang, il le prodigue. Allons, misérables ! prodiguez vos richesses. » (Vifs applaudissements.) — Voyez, citoyens, les belles destinées qui nous attendent !… Quoi ! vous avez une nation