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de bien qui veuillent des fonctions publiques… »

Barère appuya vivement : « Les jurés, s’écria-t-il, sont la propriété de tout homme libre. »

La Montagne, à cette belle parole, parut sentir le coup au cœur. Billaud-Varennes déclara qu’il était de l’avis de Cambon, qu’un tel tribunal serait dangereux, qu’il fallait des jurés et nommés par les sections.

Les Montagnards se divisaient. « Point de jurés », dit Phelippeaux. D’autres Montagnards voulaient des jurés, mais pris à Paris.

Le jury fut obtenu. Seulement la Convention le gardait dans sa main, en s’en réservant la nomination, et elle le tirait de tous les départements.

L’Assemblée levait la séance. Elle voit Danton à la tribune, qui, d’un geste, d’une voix terrible, la cloue à sa place : « Je somme les bons citoyens de ne pas quitter leur poste. »

Tous se rassirent : « Quoi ! citoyens, vous partez sans prendre les grandes mesures qu’exige le salut public. Songez que, si Miranda est battu, Dumouriez enveloppé peut être forcé de mettre bas les armes… Les ennemis de la liberté lèvent un front audacieux ; partout confondus, ils sont partout provocateurs. En voyant le citoyen honnête occupé dans ses foyers, l’artisan dans ses ateliers, ils ont la stupidité de se croire en majorité : eh bien, arrachez-les, vous-mêmes, à la vengeance populaire ; l’humanité vous l’ordonne… Ce tribunal suppléera pour eux au tribunal suprême de la vengeance du peuple…