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l’insurrection vendéenne de 1792. Elle n’eut pas un caractère suffisant de généralité. Les campagnes n’agirent pas d’ensemble, mais les villes agirent d’ensemble et elles étouffèrent tout. Cholet, entre autres, montra beaucoup d’ardeur et de zèle. C’était une ville de manufactures, grande fabrique de mouchoirs surtout ; les Cambon et autres industriels de Montpellier qui s’y étaient établis occupaient beaucoup d’ouvriers. Au 24 août 1792, quand la Vendée répondit au signal des émigrés, des Prussiens, qui entraient en France, les ouvriers de Cholet, armés la plupart de piques, coururent à Bressuire et punirent cruellement les amis de l’ennemi. Il y eut, dit-on, des barbaries, des mutilations : chose toutefois non prouvée. Ce qui l’est, c’est qu’il y eut fort peu de morts, et que les tribunaux renvoyèrent magnanimement tous les paysans prisonniers, comme gens simples, ignorants, des enfants non responsables, que l’on avait égarés.

Les paysans n’en gardèrent pas moins rancune à la ville de Cholet. Le sang y coula le 4 mars. Une foule immense s’y était portée. Un commandant de la garde nationale entre amicalement dans les groupes, veut causer ; la foule se ferme sur lui, on le terrasse, on le désarme ; de son sabre on lui scie le gras de la jambe.

La loi de la réquisition avait singulièrement irrité encore la haine du paysan contre Cholet, contre les villes en général, les municipalités. Par cette loi, la Convention imposait aux officiers municipaux la