Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/424

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lineau, d’un sens militaire très vif et très juste comme était Charette, ne se seraient nullement lancés dans la gigantesque entreprise de faire la guerre à la France, si la chose n’eût été vraiment possible en ce moment, si l’on n’eût pu compter que sur des hasards, des miracles, de merveilleux coups d’en haut.

Toute la basse Vendée, toute la côte de Nantes à La Rochelle, étaient gardées par deux mille hommes, divisés entre neuf petites villes. Ces deux mille hommes étaient cinq bataillons de ligne, très incomplets, des dépôts composés des hommes les moins valides, que l’on n’avait pas trouvés en état de marcher à la frontière.

Qui gardait la haute Vendée ? Personne, exactement personne.

Il n’y avait point de troupes à Saumur, point à Angers, sauf un corps de jeunes gens qu’on formait à la cavalerie et qui devait faire le service de dragons. On en envoya une centaine à Cholet, quand elle fut menacée par les insurgés.

Le pays se gardait lui-même. Les villes avaient aux frontières l’élite de leur jeunesse. Leurs meilleurs hommes étaient à Mayence ou en Belgique. Elles n’avaient ni troupes, ni armes, ni munitions.

On pourrait soutenir d’ailleurs que, dans ce pays, il n’est point de villes. Sauf Cholet, Luçon, Fontenay, les Sables-d’Olonne, qui sont de bien petites villes, tout le reste ne peut s’appeler ainsi. Toute la population est dans les campagnes. D’énormes masses