Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/480

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accordant l’accusation de Marat, avouant le rapport contre lui et l’envoyant aux départements, comme au jugement du peuple. L’appel aux départements contre la Gironde, fait le 15 par la Commune, avait été saisi vivement par l’Assemblée indignée en faveur des Girondins. Ceux-ci pouvaient le faire voter, Ils le pouvaient le 20 encore, en déclarant que l’opinion de Vergniaud était celle d’un homme, non la leur en général, que la Convention ébranlée ne pouvait se raffermir qu’en se soumettant d’elle-même au jugement des assemblées primaires, en déclarant qu’elle voulait être épurée par le peuple, reprendre au grand creuset la force et la vie. Cette thèse pouvait se soutenir. Seulement, dans la circonstance, cet immense ébranlement eût été d’un grand péril. Les Girondins hésitèrent dans leur conscience, se disant, comme Fonfrède : « N’est-ce pas la guerre civile ? » Ils se turent, n’objectèrent rien, s’associèrent, par leur silence, au dévouement de Vergniaud.

« On vous accuse, dit-il, on demande un scrutin épuratoire… Ce n’est point par l’appel au peuple, c’est par le développement d’une grande énergie qu’il faut vous justifier.

« L’incendie va s’allumer… La convocation des assemblées primaires en sera l’explosion… C’est une mesure désastreuse. Elle peut perdre la Convention, la République et la liberté. S’il faut ou décréter cette convocation ou nous livrer aux vengeances de nos ennemis… citoyens, n’hésitez pas entre quelques