Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/494

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plus violentes encore, une police impitoyable sur le commerce des grains, etc. Les Girondins mirent tout ceci dans une admirable lumière. Ils firent valoir surtout que le maximum devait profiter aux riches, qui achèteraient tout à vil prix ; la loi forçant tout le monde de prendre l’assignat pour sa valeur nominale, les débiteurs de mauvaise foi allaient se libérer pour rien, en ruinant leurs créanciers, etc.

Objections très fondées, auxquelles on ne répondit rien.

La réponse eût été celle-ci, personne n’osa la faire.

Le grand acheteur, c’est l’État ; le grand débiteur, c’est l’État, au moment où il lui faut créer tout à coup, organiser, nourrir des armées.

La France se ruine sans doute, et elle ne peut se sauver qu’en se ruinant.

La Convention, au 1er  février, a voté un milliard d’assignats ; au 7 mai, elle en vote un autre. Tout cela fondé sur la vente des biens d’émigrés, qu’on ne parvient pas à vendre.

Le maximum est sans nul doute une mesure détestable. Mais, sans lui, comment arrêter l’enchérissement des denrées, que nous faisons monter toujours en multipliant l’assignat ?

Voilà ce que la Montagne pouvait répondre à la Gironde, ce que Cambon aurait dit, s’il eût osé ouvrir l’abîme de la ruine publique. Dans la terrible anxiété où le mettait son impuissance de satisfaire aux besoins de la situation, Cambon était l’associé naturel des sauvages exigences de la multitude. Elle criait