Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/500

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comble, c’est que l’homme des Jacobins, l’homme de Robespierre, Couthon, appuya cette demande.

L’orateur était un tapissier du faubourg, qui avait quitté son métier pour l’état plus lucratif de commissaire de police et d’agitateur de sections. Les procès-verbaux des sections, que nous avons sous les yeux, ne font aucune mention des pouvoirs qu’il aurait reçus. Il avait l’aveu, et le simple aveu verbal, d’une douzaine de meneurs, en rapport avec la Commune et les Jacobins, et comptait qu’une pétition qui demandait des secours serait toujours avouée de la masse du faubourg, réduite alors aux dernières extrémités de la misère.

Il le croyait. Il se trompait. Ces braves gens, sans trop savoir ce qu’était la pétition, croyant seulement qu’il s’agissait d’obtenir de la Convention des moyens de sauver le peuple, et comme on disait, d’en finir, s’étaient mis à la suite, au nombre de quelques mille. Dans cette très longue colonne, la queue ignorait parfaitement ce que la tête disait. Quand ils surent la chose au vrai, il y eut un vif mouvement d’indignation et d’honneur. La basse insolence de la pétition qui demandait de l’argent, sous peine d’insurrection, présentait le grand faubourg dans l’attitude du mendiant qui mendie au pistolet. La colonne se remua, s’agita, se mit en révolte, mais contre ses meneurs mêmes. Elle fonça, par de grands efforts, jusque dans la Convention, et déclara qu’ils mentaient : « Citoyens représentants, dirent ceux qui purent pénétrer, nous demandons qu’au moins on nous lise