Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/523

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qu’on mît en discussion aucune violence : « Si vous tuez les vingt-deux, dit-il, vous aurez la guerre civile. » Quelques-uns lui reprochant sa tiédeur : « En tout cas, dit-il, ce n’est pas ici qu’on doit discuter de telles choses. » Il les mit ainsi tout doucement à la porte, les laissant parfaitement libres de conspirer partout ailleurs qu’à la mairie.

Dans la réalité, personne ne croyait sérieusement au massacre. Le Paris de 1793 ne ressemblait pas à celui de 1792. Le sang s’était bien calmé. Les provinces, plus tardives, étaient jeunes encore dans la Révolution, mais Paris y était vieux. Il pouvait être témoin de grandes barbaries juridiques, que tout le monde laisserait faire. L’assassinat était possible ; le massacre populaire avait peu de chances.

L’enlèvement, l’arrestation de plusieurs représentants, étaient bien plus vraisemblables. Un rapport de police apprit au Comité de salut public la nouvelle (vraie ou fausse) que Robespierre, Danton et autres, réunis à Charenton, avaient comploté la chose. Le Comité était alors doublement embarrassé. Il n’éprouvait que revers (au Nord et dans la Vendée), il n’avait que de tristes, d’humiliantes nouvelles à donner à l’Assemblée, et il allait lui faire des demandes énormes, réclamer d’elle des votes d’importance infinie, de confiance sans limites. Le 20 mai, Cambon fit proposer par un de ses collègues l’établissement de l’impôt progressif, réglé par les municipalités. Puis, au milieu de la discus-