Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La société s’avilissait. Danton même, nullement hostile aux hommes les plus violents, ne voulait plus y revenir, dégoûté par le triomphe du bavardage et de la fausse énergie. Nommé président en octobre, il ne put se décider qu’à venir deux fois, dans deux grandes occasions, pour féliciter Dumouriez vainqueur et pour accueillir les Savoyards, qui se donnaient à la France.

Une partie de la Montagne, Cambon, Carnot, Thibaudeau et d’autres ne purent jamais surmonter leur répugnance instinctive pour les Jacobins, pour la violence des uns, pour l’hypocrisie des autres. Il y avait à l’entrée de la caverne une odeur de sang, et pourtant fade et mielleuse, que beaucoup ne supportaient pas.

Personne ne doutait, dès lors, qu’il n’y eût aux Jacobins un parti déterminé à refaire le 2 septembre, mais sur la Convention. Pour qu’ils en vinssent à flatter la tourbe émeutière en ses plus vils représentants, il fallait bien qu’ils eussent des desseins sinistres. La garde départementale n’avait point été créée. Mais un grand nombre de fédérés étaient accourus des départements, les uns pour défendre la vie de leurs députés en péril, les autres pour aller plus loin rejoindre l’armée ; on les retenait

    le grand article du credo de notre liberté… Nous, hommes sensibles, qui voudrions ressusciter un innocent, pourrions-nous admettre en principe que les lois ont été violées dans cette journée », etc.

    Au reste, la société elle-même, dans une circulaire du 15 octobre que Marat nous a conservée textuellement (voir son no 58, 27 novembre), avait fait un éloge enthousiaste de la journée du 2 septembre.