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dôme est le ciel. J’appelle chœur un tertre qui domine quelque peu. Entre les deux, des feux résineux à flamme jaune et de rouges brasiers, une vapeur fantastique.

Au fond, la sorcière dressait son Satan, un grand Satan de bois, noir et velu. Par les cornes et le bouc qui était près de lui, il eût été Bacchus ; mais par les attributs virils, c’était Pan et Priape. Ténébreuse figure que chacun voyait autrement ; les uns n’y trouvaient que terreur ; les autres étaient émus de la fierté mélancolique ou semblait absorbé l’éternel Exilé[1].


Premier acte. — L’Introït magnifique que le christianisme prit à l’Antiquité (à ces cérémonies où le peuple, en longue file, circulait sous les colonnades, entrait au sanctuaire) — le vieux dieu, revenu, le reprenait pour lui. Le lavabo, de même, emprunté aux purifications païennes. Il revendiquait tout cela par droit d’antiquité.

Sa prêtresse est toujours la vieille (titre d’honneur) ; mais elle peut fort bien être jeune. Lancre parle d’une sorcière de dix-sept ans, jolie, horriblement cruelle.

La fiancée du Diable ne peut être un enfant ; il lui faut bien trente ans, la figure de Médée, la beauté des douleurs, l’œil profond, tragique et fiévreux, avec de grands flots de serpents descendant au

  1. Ceci est de Del Rio, mais n’est pas, je crois, exclusivement espagnol. C’est un trait antique et marqué de l’inspiration primitive. Les facéties viennent plus tard.