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XII

L’AMOUR, LA MORT. — SATAN S’ÉVANOUIT


Voilà la foule affranchie, rassurée. Le serf, un moment libre, est roi pour quelques heures. Il a bien peu de temps. Déjà change le ciel, et les étoiles inclinent. Dans un moment, l’aube sévère va le remettre en servitude, le ramener sous l’œil ennemi, sous l’ombre du château, sous l’ombre de l’église, au travail monotone, à l’éternel ennui réglé par les deux cloches, dont l’une dit : Toujours, et l’autre dit : Jamais. Chacun d’eux, humble et morne, d’un maintien composé, paraîtra sortir de chez lui.

Qu’ils l’aient du moins, ce court moment ! Que chacun des déshérités soit comblé une fois, et trouve ici son rêve !…

Quel cœur si malheureux, si flétri, qui parfois ne songe, n’ait quelque folle envie, ne dise : « Si cela m’arrivait ? »