Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/588

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souviennent pas assez. Ils sont ingrats pour la sorcière qui les a préparés.

Ils font plus. À ce roi déchu, à leur père et auteur, ils infligent certains coups de fouet… Tu quoque, fili mi !… Ils donnent contre lui des armes cruelles aux rieurs.

Déjà ceux du seizième siècle se moquaient de l’Esprit, qui de tout temps, des sibylles aux sorcières, agita et gonfla la femme. Ils soutenaient qu’il n’est ni Diable, ni Dieu, mais, comme disait le Moyen-âge : « le Prince de l’air. » Satan ne serait qu’une maladie !

La possession ne serait qu’un effet de la vie captive, assise, sèche et tendue, des cloîtres. Les six mille cinq cents diables de la petite Madeleine de Gauffridi, les légions qui se battaient dans le corps des nonnes exaspérées de Loudun, de Louviers, ces docteurs les appellent des orages physiques. « Si Éole fait trembler la terre, dit Yvelin, pourquoi pas le corps d’une fille ! » Le chirurgien de la Cadière (qu’on va voir tout à l’heure) dit froidement : « Rien autre chose qu’une suffocation de matrice. »

Étrange déchéance ! L’effroi du Moyen-âge, vaincu, mis en déroute devant les plus simples remèdes, les exorcismes à la Molière, fuirait et s’évanouirait ?

C’est trop réduire la question. Satan est autre chose. Les médecins n’en voient ni le haut, ni le bas, — ni sa haute Révolte dans la science, — ni les étranges compromis d’intrigue dévote et d’impureté qu’il fait vers 1700, unissant Priape et Tartufe.