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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

C’était le moment où la coalition, démasquant sa hideuse immoralité, avouait que le nom du roi n’était qu’un prétexte pour elle. Les Autrichiens dans Condé, les Anglais à Dunkerque, à Toulon, ne cachaient point qu’ils venaient en conquérants s’approprier la dépouille de Louis XVI, et non secourir son fils.

L’affaire de Dunkerque, pour quiconque sait l’ancienne histoire de France, doit passer pour un des plus grands périls que la France nouvelle ait courus. Rappelons-nous que l’Anglais, occupant Calais deux cents ans, a été pendant tout ce temps maître de nos mers, maître de nos côtes, entrant, sortant à volonté de ce terrible repaire, faisant trembler à chaque instant toutes nos provinces du Nord. Telle eût été notre situation s’il eût occupé Dunkerque.

L’indignation donna aux nôtres une force surhumaine. Les rois étaient pris ici en flagrant délit, comme voleurs, la main dans le sac, venant voler Louis XVII qu’ils avaient dit vouloir défendre. Vingt mille Anglais, vingt mille Autrichiens tenaient Dunkerque investie. Hoche se jette dans la place, et fait des prodiges. Devenu chef de brigade, il donne aux travaux une activité extraordinaire ; il exécute avec sept mille hommes des réparations qui en auraient exigé vingt mille ; il se met à piocher lui-même. La garde civique est découragée, il relève son énergie ; les matelots se sont insurgés, il les ramène au devoir. Il communique à tous son patriotisme et sa flamme. On a conservé plusieurs des mots d’ordre qu’il donnait chaque jour, et où apparaît la grandeur de sa pensée : Despotes, Mort. — Pitt, Néant. — France, Exemple. — Liberté, Univers.