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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

vols, d’assassinats, il apporta une chose nouvelle, le respect de la vie humaine. Les premiers mots qu’il dit, empreints de son grand cœur, étaient le plus touchant appel : « Français, rentrez au sein de la patrie ! Ne croyez pas que l’on veuille votre perte ! Je viens vous consoler. Et moi aussi, j’ai été malheureux… » (septembre 94.)

La Vendée s’éteignait, la Bretagne s’allumait. À Rennes, où il arrive d’abord, il trouve la contre-révolution frémissante, déjà insolente. Qui le croirait ? personne à aucun prix ne voulut lui donner de logement. Rien ne le corrigea de sa générosité.

Les villes souffraient fort du soldat, qui lui-même s’y énervait, devenait indiscipliné. Hoche prit la mesure utile, mais sévère, à l’entrée de l’hiver, de le tirer des villes ; des villages, de le faire camper dans une suite de petits camps qui surveillaient tout le pays, l’enveloppaient comme d’un réseau.

La loi autorisait l’armée à prendre un cinquième de la moisson. Le paysan fut bien surpris de voir le général fournir de la semence à ceux qui en manquaient, donner des vivres aux plus nécessiteux, se faire le père commun du peuple et du soldat.

La campagne eut de lui un autre bien inattendu. Dans la Vendée, on forçait le paysan à couper, à détruire ses haies, qui lui sont nécessaires pour parquer le bétail, lui donner du feuillage, et pour les mille usages qu’on tire du petit bois. Hoche, avec une magnanime confiance, permit les haies, montrant qu’il redoutait peu l’embuscade, craignait peu d’être assassiné. Ou attenta pourtant