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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

plusieurs départements ensemble, et ces grands corps de fédérés qui, grossissant toujours, s’augmentant, se donnant la main, formaient à travers la France les chœurs et les farandoles de la nouvelle amitié, on pouvait voir en esprit que ces hommes, en 92, fidèles au serment de 90, constitueraient nos grandes fédérations militaires.

Aussi, lorsque la déclaration de Pilnitz courut la campagne, sous la forme insolente et provocante de la lettre de Bouillé, et y tomba comme un défi, elle fut, comme telle, saluée d’une longue clameur de joie.

« Eh ! c’est ce que nous demandions ! » Ce fut le cri général. Marseille sollicitait, dès mars 91, de marcher au Rhin. En juin, tout le Nord, tout l’Est, de Givet jusqu’à Grenoble, se montra, et au même moment, hérissé d’acier. Le Centre s’ébranle. À Arcis, sur dix mille mâles, trois mille partent. Dans tel village, Argenteuil par exemple, tous partent, sans exception. L’embarras fut seulement qu’on ne savait où les diriger. Le mouvement n’en gagnait pas moins, comme les longues vibrations d’un immense tremblement de terre. La Gironde écrit qu’elle n’enverra pas, qu’elle ira ; elle s’engage à marcher tout entière, en corps de peuple, tous les mâles, quatre-vingt-dix mille hommes ; le commerce de Bordeaux que ruinait la Révolution, le vigneron qu’elle enrichissait, s’offraient unanimement.

Une chose suffit pour caractériser cette époque, un mot d’éternelle mémoire. Dans le décret du 28 décembre 9, qui organise les gardes nationaux volontaires et les engage pour un an, la peine dont