Page:Michelet - OC, Les Femmes de la Révolution, Les Soldats de la Révolution.djvu/440

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
438
LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

domina peu à peu l’engouement. de surprise qu’avait inspiré l’idole papale.

Le mouvement de Gênes, en septembre 1847, fut la première occasion où parut Mameli. Il lança son chant d’unité, Fratelli d’Italia ! que toute l’Italie adopta peu à peu.

Il fit son chemin, ce petit chant il pénétra partout il s’en alla comme une voix d’oiseau glissant sur le sillon. Le montagnard de Gênes le chanta au laboureur lombard, celui-ci au pâtre de Rome, d’où il passa à la Calabre ; l’écho le redit sous l’Etna.

Le premier, Mameli chanta. Le premier, il déploya la bannière tricolore qui fut celle de l’Italie.

Il se fait tous les ans une procession solennelle, où Gênes célèbre la glorieuse délivrance de 1746, l’expulsion des Autrichiens. Mameli y parut à la tête des étudiants, portant le drapeau du réveil, le grand drapeau de la patrie. La fête changea de caractère. Ce n’était plus l’ancienne délivrance d’une ville qu’on célébrait c’était la prochaine délivrance de la nation tout entière.

L’élan partit de la Sicile, on s’en souvient. Avant Paris et Février, avant Vienne et son jour de mars, Palerme, le 12 janvier, eut son éruption.

Il n’y eut jamais une chose plus hardie. Les Siciliens, en parfaits chevaliers, deux mois d’avance, avaient averti Ferdinand qu’à tel jour, s’il ne s’amendait, ils tireraient l’épée. Ils tinrent parole. L’explosion eut lieu au théâtre, par le cri vraiment italien : « Mort à l’Autriche » Noble cri fraternel ; la Sicile, au premier réveil, demandait la liberté pour tous, avant de parler d’elle-même, elle posa